Cette thèse est née d’un constat dressé au cours des premières années d’un travail de recherche en Sciences de l’information et de la communication dédié à l’étude des séries télévisées : lorsqu’au début des années 2000, de nouveaux représentants du genre sont accueillis par une presse française enthousiaste, clamant l’avènement d’un « âge d’or », la recherche hexagonale autour de ces fictions connaît aussi un véritable essor. Pourtant, au cours de plusieurs rencontres universitaires, je constate qu’une approche en termes d’économie industrielle est absente : la série n’est jamais considérée comme un programme de télévision destiné à intégrer l’offre d’un diffuseur national assujetti à des logiques commerciales. De la même façon, le nom de la chaîne est souvent absent des articles scientifiques consacrés à l’étude d’une ou plusieurs fictions sérielles. Si l’identification de HBO a bien participé à la reconnaissance des séries comme des fictions ambitieuses, les grands diffuseurs nationaux sont relégués au second plan, voire occultés. Cette thèse s’est alors imposée comme un plaidoyer pour la prise en considération du contexte socio-économique de production et de primo-diffusion dans l’étude des séries. Plus précisément, elle avance que l’identification des lignes éditoriales des diffuseurs et des producteurs, combinée à une analyse des grilles de programmes, est indispensable à une pleine compréhension de la série télévisée en tant que produit médiatique.